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Aides et conseils pour les consommateurs et leur entourage

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Aides et conseils pour les consommateurs de cannabis et leur entourage

Impact du cannabis sur l'attention, la mémoire et l'intelligence

Les sensations positives recherchées, comme la détente ou l’euphorie, lors de la prise de cannabis sont révélatrices de modifications du fonctionnement cérébral. Ces dernières englobent encore d’autres effets, non désirés ceux-là, comme les problèmes de mémoire ou le manque d’attention.

 
(sources : MAAD DIGITAL plateforme ayant pour but de produire et diffuser de l'information scientifique sur les addictions en direction des jeunes)


transversal vert Cannabis et chimie du cerveau

Parmi les nombreux produits naturels contenues dans la plante, c’est le tétrahydrocannabinol (THC), qui est la molécule à caractère psychotrope. Se substituant à des substances régulatrices – les endocannabinoïdes- produites naturellement par l’organisme, elle interfère avec un type particulier de récepteurs situés dans plusieurs parties du cerveau.

De la sorte, la prise de cannabis [1] procure l’euphorie et la relaxation, une intensification des expériences sensorielles telles que l’absorption de nourriture, le visionnage d’images ou bien l’écoute de la musique. Elle entraine encore une diminution de la sensation de douleur ou des nausées. Mais aussi une perturbation de l’appétit et du comportement psychomoteur.

Attention, concentration, mémoire, compréhension et raisonnement : ces facultés cognitives comptent parmi les composantes de l’intelligence. Sont-elles affectées par le cannabis ?

Les neuroscientifiques ont observés chez l’animal des modifications chimiques intervenant dans les circuits de neurones de l’hippocampe. Ils les ont associé à des difficultés de mémorisation  à court terme, spécialement lorsque la concentration est requise. Ce même type d’effet est constaté chez l’homme. [2] totop scroller green

Il existe de nombreux récepteurs à endocannabinoïdes dans le néocortex. Cette partie du cerveau – la couche externe des hémisphères cérébraux- est impliquée dans les fonctions cognitives dites « supérieures » comme les perceptions sensorielles, les commandes motrices volontaires, le raisonnement spatial, la conscience ou encore le langage.

Différents tests en laboratoire ont été ainsi réalisés pour évaluer l’altération de ces facultés cognitives. Sous la prise de drogue, certaines personnes voient ainsi leur vigilance diminuer, spécialement pour les tâches longues et ennuyeuses, elles éprouvent des difficultés à réaliser des calculs mathématiques complexes et à réagir dans le temps imparti.
Des tests courts et simples, cependant, ne leur posent pas de problème.totop scroller green

transversal vert Cannabis et déficit attentionnel

Des études neuropsychologiques ont mis en évidence que les grands consommateurs chroniques de cannabis présentent des troubles de la mémoire, de l’attention et de la gestion d’informations complexes.

Des études [3] montrent ainsi  que, sous l’effet du cannabis, l’activité cérébrale –notamment celle mobilisée par les tâches d’attention visuelles et auditives- d’individus adultes consommant régulièrement et depuis longtemps de la drogue (plus de deux ans, 5 joints par semaine) se réorganise, cependant que l’activité du cervelet (zone impliquée dans la coordination des mouvements) diminue.

Des modifications d’une telle ampleur [4] ne sont toutefois pas observées après une semaine d’abstinence et lorsque la consommation est moyenne (moins de 5 joints par semaine) ou occasionnelle. D’autres signaux cependant, correspondant à des processus cérébraux liés à la mémoire -notamment verbale- à court terme suggère que celle-ci reste perturbée.

Pour les adultes qui mettent un terme à leur consommation, il semble que leurs capacités se «normalisent» après un certain temps. Plusieurs études regroupant des personnes ayant débuté très jeunes et consommant du cannabis de manière importante, ont mis en évidence des déficits à long terme. 

La consommation précoce de cannabis semble aller de pair avec des risques plus importants au niveau des capacités cognitives, parce que le cerveau adolescent est en plein développement.
Le même type d’étude a permis en outre de montrer que si des adolescents (17 ans) [5] consommateurs de cannabis depuis plusieurs années, avaient du mal à réaliser certaines tâches faisant appel à la mémoire et qu’ils éprouvaient des difficultés d’attention- même après une période d’abstinence de quatre semaines- c’est que  la partie droite de leur  hippocampe avait peine à se désactiver. La raison en est-elle que, dans cette partie du cerveau, l’influx nerveux est irrémédiablement bloqué ? Ou bien qu’un certain nombre de neurones normalement présents ont disparu ?

transversal vert CBD et TDAH : un traitement potentiel ?

Concernant le TDAH  (trouble du déficit de l'attention) chez l'adolescent et l'adulte, plusieurs études démontrent qu'un apport de cannabinoide pourrait réduire l'impulsivité, les problèmes d'attention et du sommeil liés à ce trouble. Dans une petite étude contrôlée  par placebo (2017) avec 30 adultes atteints de TDAH (trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité), un extrait de cannabis (Sativex) a réduit leurs symptômes. Les participants ont été assignés au hasard pour recevoir soit du cannabis, soit un placebo. Le cannabis a été associé à une amélioration significative de l'hyperactivité, de l'impulsivité et de l'inhibition d'une mesure cognitive, ainsi qu’une tendance à améliorer l'inattention et la labilité émotionnelle. Les chercheurs ont écrit que les adultes atteints de TDAH peuvent représenter un sous-groupe de personnes qui subissent une réduction des symptômes et des troubles cognitifs après l'utilisation de cannabinoïdes.

Chose étonnante, pour le groupe de participants diagnostiqué TDAH, le traitement à base de cannabinoïdes n’aurait pas eu d’effets négatifs au niveau de la performance cognitive. Ceci a surpris beaucoup de personnes à cause de l’association entre le cannabis et une diminution dans la performance cognitive.

D’autre part, les chercheurs ont suggéré que les améliorations au niveau de limpulsivité peuvent être dues aux effets anxiolytiques du CBD et du THC. Les effets apaisants causés par les cannabinoïdes sont peut-être responsables de la diminution des comportements généraux associés avec le TDAH. Concrètement  les personnes qui présentent des symptômes de l’impulsivité auraient peut-être un manque de densité dans leurs récepteurs CB1, ce qui suggère que l’augmentation de la quantité de cannabinoïdes pouvait réduire l’impulsivité des patients atteints de TDAH [16].

Il existe aussi une série de troubles psychologiques qui peuvent se manifester avec le TDAH, dont la dépression, l’anxiété, les troubles du sommeils, entre autres. En ce sens, les études ont aussi montré que lusage de cannabinoïdes peut être un succès dans le traitement de ce type de maladie, non seulement grâce aux effets positifs du cannabis médical mais aussi car c’est une substance naturelle, qui ne provoque pas d’effets secondaires.

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transversal vert Cannabis et mémoire

Tant que le THC est présent dans l’organisme, la mémorisation est largement altérée, en particulier l’encodage des informations, leur stockage ainsi que leur recouvrement [6]. Les capacités de concentration (donc la possibilité de réaliser des choses avec précision) sont diminuées ainsi que les réflexes et le temps de réaction. Les capacités arithmétiques sont, elles aussi, affectées.

Cette altération des facultés cognitives intervient différemment selon un certain nombre de paramètres : l’âge des consommateurs et la date de début de consommation,  la quantité de cannabis régulièrement fumé et surtout si une période d’abstinence est observée.totop scroller green

transversal vert Les effets du cannabis sont-ils réversibles à long terme?

On sait que plus l’intoxication a été importante au cours de la vie (fréquence, dose, période de consommation régulière élevées) et plus la détérioration de la fonction cognitive persiste après l’arrêt de la prise [7]. Cette observation peut être imputée à deux choses différentes :

  • présence toujours effective de résidus de THC et
  • altération des fonctions neuronales 

Des études ont tenté de déterminer le temps d’abstinence nécessaire afin que les fonctions cognitives reviennent à la normale. En comparant des résultats de tests réalisés par des adultes n’ayant jamais consommé de drogues et d’autres réalisés par de gros consommateurs (5000 joints fumés au total, une prise par jour environ), on constate que même après sept jours d’abstinence, les fumeurs étaient moins performants dans des tâches requérant la mémoire verbale que les non-fumeurs. Après 28 jours d'abstinence, rien ne venait plus différencier les deux populations [8]. totop scroller green

Une autre étude a permis de montrer que de jeunes adultes (entre 17 et 21 ans) gros consommateurs (plus de 5 joints par semaine) présentaient effectivement des valeurs de quotient intellectuel (baisse de 5 points), des vitesses d’exécution et une mémoire à court et long terme moins bonnes que des individus non consommateurs ou consommateurs occasionnels. Cependant après trois mois d’abstinence, les performances intellectuelles étaient revenues à la normale [9].

Pour autant la prudence reste de mise,  des résultats contradictoires existent. La plus grande attention doit être donnée notamment vis-à-vis des jeunes consommateurs.

Des consommateurs de longue durée ne prenant plus de drogues peuvent toujours présenter des séquelles. Après deux ans d’abstinence et cinq années de consommation, certains adultes présentent encore des difficultés sensorielles telles que la perception sonore [10]. D’autres, ayant commencé à consommer durant l’adolescence, gardent après un mois d’abstinence une intelligence verbale relativement plus faible que la moyenne [11].totop scroller green

transversal vert Cannabis, adolescence et QI

Dans le cas d’une consommation de cannabis effectuée tôt dans l’adolescence et de façon importante, cette diminution réelle de certaines facultés intellectuelles pourrait s’avérer permanente.

La consommation régulière et prolongée de cannabis pendant l’adolescence, voir avant, semblerait  constituer effectivement une véritable cause de déficit intellectuel pour les individus une fois devenus adultes.
Une étude de grande envergure (plus de 1000 individus) a suivi pour la première fois des individus pendant près de trente années de leur vie [12]. Les participants ont été enrôlés avant qu'ils ne goûtent au cannabis et leurs performances neuropsychologiques ont été évaluées à l'âge de 13 ans et 38 ans.

Un déclin marqué du quotient intellectuel (jusqu'à 8 points entre les deux mesures) a été retrouvé chez ceux qui ont commencé leur expérimentation dans l'adolescence, et qui sont ensuite devenus des fumeurs réguliers - au moins quatre fois par semaine -, pendant une longue période.totop scroller green

Cette baisse de 8 points, loin d’être anodine, peut constituer un réel désavantage Le QI est en effet corrélé à de nombreux paramètres : accès à des études supérieures et à un bon emploi, performances au travail, niveau de revenus, mais aussi, d’après les spécialistes, tendance à développer des maladies cardiaques ou un alzheimer, risque de décès prématuré..

Point important: l'arrêt ou la réduction de la consommation de la drogue n'a pas restauré complètement les capacités intellectuelles. Une initiation plus tardive, à l'âge adulte, ne s'est en revanche pas accompagnée d'une baisse des performances aux tests de QI.

Ces résultats soulignent le fait que, comme d’autres drogues,
« Le cannabis a des interactions encore méconnues avec les stades de maturation du cerveau dont l’adolescence est le moment privilégié ». Jean-Luc Martinot (Inserm, Paris) [13].

Enfin, la prise de cannabis pour une femme enceinte fait porter des risques non négligeables à son bébé : des difficultés intellectuelles (raisonnement, pertes de mémoires, faible quotient intellectuel) ont été diagnostiquées chez des enfants âgés de six ans et dont la mère fumait quotidiennement pendant la grossesse [14].totop scroller green

(Auteur: C.Depecker)


Références

  1. Hall W. & coll. (1998), Adverse effects of cannabis, The Lancet, 352, 1611-1616.
  2. Iversen L. (2003), Cannabis and the brain, Brain, 126, 1252-1270.
  3. Chang L. & coll. (2006), Marijuana use is associated with reorganized visual-attention network and cerebellar hypoactivation, Brain, 129, 1096-1112.
  4. Jager G. & coll. (2006), Long-term effects of frequent cannabis use on working memory and attention: an fMRI study, Psychopharmacology, 185 (3), 358-368.
  5. Jacobsen L. & coll. (2004), Impacts of cannabis use on brain function in adolescents, PNAS, 1021, 384-390.
  6. Earleywine M. (2002), Understanding marijuana: A new look at the scientific evidence, Oxford University Press.
  7. Solowij N. & coll. (2008), The chronic effects of cannabis on memory in humans: a review, Current drug abuse reviews, 1, 81-98.
  8. Pope G. & coll. (2001), Neuropsychological performance in long-term cannabis users, Arch Gen Psychiatry, 58, 909-915.
  9. Fried P.A. & coll. (2005), Neurocognitive consequences of marihuana- a comparison with pre-drug performance, Neurotoxicology and Teratology, 27, 231-239.
  10. Solowij N. (1998), Cannabis and cognitive functioning: a review, Cambridge University Press.
  11. Pope H. & coll. (2003), Early-onset cannabis use and cognitive deficits: what is the nature of the association? , Drug and Alcohol Dependence, 69, 303-310.
  12. Meier M. & coll. (2012), Persistent cannabis users show neuropsychological decline from childhood to midlife, PNAS, August 27, 2012.
  13. Cabut S. (2012), Cannabis chez les adolescents: le QI en fumée, Le Monde, le 6 septembre.
  14. Goldschmidt L. (2008), Prenatal marijuana exposure and intelligence test parformance at age 6, J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry, 47(3), 254-262.
  15. Cooper, R.E., et al., Cannabinoids in attention-deficit/hyperactivity disorder: A randomised-controlled trial. European Neuropsychopharmacology (2017).
  16. Walter Adriani, Antonio Caprioli, Oleg Granstrem, et. Al. (2003) «Le rat spontanément hypertendu comme modèle animal du TDAH: preuve de sous-populations impulsives et non impulsives». Neuroscience and Biobehavioral Reviews (2003) 27: 639-651.